samedi 10 mars 2007

Ca continue...

Bonjour,
ça continue à marcher très fort. Le spectacle a beaucoup de succès et, manifestement, le public est très touché et concerné.
Les débats sont vraiment intéressants, touchants et, aussi, réconfortants: tout ce qu'on entend des dames qui sont nos invitées (hier, c'étaient Anna Cazieux et Chantal Vermeulen), c'est que l'âge n'est vraiment pas un problème. Au contraire, on se libère, on profite encore mieux de chaque instant de la vie, le désir, même s'il est moins polarisé sur le sexe, s'explose en des tas de désirs variés... C'est vrai que le corps change mais, comme a dit l'une d'elles, "ça ressemble à une blague, tant on reste jeune dans sa tête"...
Bref, tout cela fait du bien, et nous avons l'impression que ce sujet est vraiment la chose dont il fallait parler...

Je vous livre ici la critique du spectacle parue dans "La libre" d'hier:


Entre ménopause et Marrakech
par Laurence Bertels

Epée de Damoclès au féminin, la ménopause reste taboue. Sauf quand deux actrices affrontent la perte du désir et l'avenir du fantasme. Sexuellement (in) correct.Le temps qui passe, le corps qui change, l'humeur qui noircit... Nulle femme ne semble y échapper, après cinquante ans.Où commence la féminité ? Avec le vernis à ongles, le rouge à lèvres, les premiers soutiens-gorge ou l'arrivée des règles ? Pas de réponse précise. Où s'arrête-t-elle ? À la ménopause, qui semble tomber comme un couperet, comme les seins pétris, le teint flétri, les bras flapis... À l'heure aussi où les rides creusent leur sillon, où les hanches s'arrondissent, où le coeur et le corps s'assèchent. Puis il y a ce regard des hommes qui se détourne des mères pour regarder leurs filles...Cinquante ans, voici donc l'âge où les parents vous quittent pour l'autre rive, où les enfants ne pensent qu'à partir, où les maris désertent le lit conjugal pour une plus jeune, une plus belle, une plus ferme. Que de réjouissances en perspective.La ménopause... On en parle, oui, côté santé, vapeurs, hormonothérapie ou ostéoporose. Il est en revanche rarement question de perte du désir ou d'estime de soi, du désert affectif ou sexuel qui se profile à l'horizon.À moins de renverser le cours des événements, d'affronter l'homme et sa sexualité, de laisser libre cours à ses fantasmes, de filer à Marrakech, ville du tourisme sexuel pour femmes en retour d'âge, comme le disent prudemment les grands-mères.On dit en effet que les femmes mûres s'y engouffrent pour acheter un sexe masculin bien vert. En fait, elles cherchent surtout à exercer leur désir de séduction, un désir qui ne part pas à la mi-temps de la vie. Comme on le découvrira à "Marrakech", une pièce pour les femmes et ceux qui les aiment, imaginée par deux comédiennes sensuelles malgré la cinquantaine.En plein corpsTouchées en plein corps par le sujet, Hélène Theunissen et Jacqueline Bollen, actrices et amies, ont confié leurs états d'âmes, angoisses et désirs les plus secrets à la plume de Paul Pourveur, auteur dont le théâtre exigeant les intrigue et les interpelle. Des rencontres, de longues conversations, des confidences ont suivi ce projet original, sincère, utile et confrontant. "Marrakech" invite à pleurer sur le temps perdu, à en rire aussi, pour ne point verser trop de larmes sur la féminité enfuie.ContrastéesJudicieusement contrastées, dans les voilages blancs d'une scénographie signée Sabine Theunissen et une mise en scène de Janine Godinas, Hélène Theunissen et Jacqueline Bollen affrontent leurs options pour franchir le cap. Naïve et désespérée, Hélène Theunissen, pleine de fraîcheur dans le jeu comme dans l'allant, campe une épouse, mère de famille, femme mais aussi féministe, particulièrement crédible. La vérité la prend de front, en pleine insomnie, à 2h02 du matin. Elle se lève, traverse la nuit, toise les regards, prend l'avion pour Marrakech et rencontre son contraire. Aussi brune et sexy que la première est blonde et godiche, maquillée à outrance, actrice à la retraite, top en cuir rouge et plumes à l'oreille, Jacqueline Bollen l'emmène sur la pente du sexe, du fantasme, du vibromasseur et des boules de Geisha. Et de lui proposer le kit complet de la femme ménopausée, vantant les vertus du sexe et de l'extase pour éviter de "plonger dans le gouffre noir de la résignation"; livrant aussi ses blessures mal dissimulées. Puisque le sexe, bien sûr, et les moments d'extase qu'il promet parfois, ne résolvent pas l'immense injustice dont les femmes, pourtant pleines de ressources, restent les premières victimes.Soutenu, rythmé et surtout nuancé, "Marrakech", quelques redites à part, nous balade allégrement dans l'esprit mouvementé et désespéré de femmes au tournant de leur vie. Malgré quelques rires francs, on ressort affolé par l'autre vérité qui dérange mais également bluffé par le courage et la générosité de deux comédiennes féminissimes. Qu'elles aient trente ou cinquante ans.Bruxelles, Théâtre de la place des Martyrs, jusqu'au 1er avril. Tél. 02.223.32.08.A l'issue de la représentation, les mardis et vendredis, des rencontres sont prévues avec des personnalités féminines telles que Laurette Onkelinx, Colette Nys Masure, Lise Thiry...© La Libre Belgique 2007- - - - - - - - - - -

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