lundi 2 avril 2007

Rideau temporaire et conclusions provisoires...

Voilà... on a joué la dernière hier à 16 heures... Mais on reviendra, maintenant, c'est sûr, au théâtre des Martyrs et, sans doute, en tournée.
Nous sommes pleinement satisfaites de toute cette aventure, qui a été un succès beaucoup plus grand que tout ce que nous aurions osé imaginer... Nous sommes heureuses, nous avons été émues, touchées, étonnées, surtout lors des débats, qui ont été de très beaux moments. Le public nous a réservé de belles surprises. Par son affluence, d'abord: nous avons joué absolument tous les soirs, pendant cinq semaines, devant une salle comble, sans fléchissement de fréquentation, avec souvent une liste d'attente et des sièges rajoutés... Le bouche à oreille a été instantané, c'est quand même rare.
Ensuite, nous avons constaté une chose réjouissante: le public est plus fort que nous, finalement! Alors qu'Hélène et moi avions un peu peur de choquer, surtout par le côté cru et "sexe" du texte, vous avez très vite compris que le propos n'était pas là. Vous avez aussi tout de suite vu que le sujet était bien plus large que "la ménopause", que le texte parlait de toutes nos peurs, nos fragilités, nos défaillances, mais aussi notre besoin de rêves et de liberté. Même les personnes plus âgées, qui ne sont pas habituées nécessairement au langage "direct" de Paul n'ont pas été plus perturbées que ça, au contraire: beaucoup nous ont félicitées, ont trouvé le spectacle formidable, et la plupart ont beaucoup ri...
Autre constatation: le texte est aussi bien plus fort que ce qui nous était apparu au premier abord... Là aussi, le public nous a montré qu'on pouvait y trouver bien d'autres choses et, souvent, nous avons pu voir que chacun s'y retrouvait. Même si certains hommes se sont sentis peu concernés, ou mal à l'aise, beaucoup d'entre eux ont trouvé que le texte parlait tout autant d'eux, qu'eux aussi étaient inquiets d'être disqualifiés pour cause d'âge ou de défaillance quelconque... Les jeunes ont trouvé que le spectacle leur parlait tout autant, et beaucoup ont été émus par cet appel à la liberté qui clôt la pièce... Même les personnes plus âgées se sont senties concernées par la peur de la stigmatisation et de la "catégorisation" du regard des autres...
Il est clair que nous aurions pu jouer encore longtemps, parce que chaque personne avec qui nous avons discuté nous disait "je vais en parler, il faut absolument que d'autres voient ce spectacle"...
Bref, nous avons été bluffées, par Paul, par son texte, par vous...

Maintenant, je vais mettre ce blog en repos (je viendrai quand même y jeter un oeil de temps en temps), et j'espère le reprendre pour la suite de l'aventure, dans un an et quelques...
Je compte sur vous pour être à notre prochain rendez-vous...
Portez-vous bien entre-temps
Jacqueline

mardi 27 mars 2007

Désolée, je laisse un peu tomber ce blog...

Désolée, je n'écris pas beaucoup ces jours-ci, mais on est un peu "le nez sur le guidon". On a rajouté deux représentations ce dernier dimanche, et comme nous donnons cours toutes les deux au Conservatoire, cela nous fait trois semaines sans un jour de congé... Hélène est hyper-active comme d'habitude, donc elle est fatiguée, mais elle assure. Moi, comme je l'ai dit, je suis beaucoup plus glandeuse de nature, et donc, en ce moment, je m'économise pour tenir la distance... Donc, en clair, je fais la sieste et j'en fais le moins possible... Et puis, il n'y a pas grand chose à dire: nous jouons, ça marche, il y a des listes d'attente tous les jours... Nous espérons vraiment reprendre le spectacle dans un an et demi-deux ans, et faire une tournée. Mais ça, ça ne dépend pas de nous: il faut que des acheteurs (donc des théâtres) nous demandent. Nous l'espérons de tout coeur et, franchement, vu l'engouement du public pour ce spectacle, ce serait vraiment du gâchis que de ne pas poursuivre l'aventure et de ne pas aller à la rencontre d'autres publics... Croisons les doigts...
A bientôt
Jacqueline

mercredi 21 mars 2007

Commentaires et réactions de spectateurs...

Bonjour,
je vais vous faire part de quelques témoignages reçus: selon Anne Morelli, qui était notre "femme exceptionnelle" d'hier soir, le spectacle devrait être remboursé par la mutuelle... On nous dit qu'il est libérateur, réconfortant. On sent un vrai bonheur et, comme je l'ai dit, presque un soulagement: enfin, on lève ce tabou, enfin, on en parle... La plupart des femmes se reconnaissent, et entendent des choses qui leur ont déjà traversé l'esprit... D'autres pas du tout, et nous disent qu'elles n'ont jamais eu ce problème: tant mieux pour elles. Mais, je le redis, c'est une fiction, cette pièce raconte un cauchemar/fantasme, ce n'est pas censé être un constat clinique fidèle de ce qu'une femme traverse à la ménopause...
Les jeunes nous disent qu'ils vont nous envoyer leur mère..
Des hommes nous disent qu'ils comprennent des choses, que cela les fait réfléchir, qu'ils ne verront plus les femmes comme avant. Un d'eux nous a dit que ce texte était aussi important que "Les monologues du vagin" en ce qu'il révélait tout un tas de choses inconnues sur les femmes et modifiait le regard...
En revanche, nous avons reçu des critiques très virulentes d'un groupe de femmes que nous avions invitées à une avant-première: elles se disent outrées par la vision de la femme véhiculée par le spectacle. Je pense qu'elles manquent de distance, et qu'elles oublient que c'est du théâtre. D'une part, il est clair que le personnage joué par Hélène n'est pas du tout une femme libérée, mais nous ne disons pas que c'est comme ça qu'il faut être, au contraire, mon personnage n'arrête pas de la provoquer pour la faire bouger et, à la fin, elle se libère clairement.
D'autre part,on est en plein dans la fiction: je raconte que je mange mon mari et que j'en fais un lampadaire: on ne peut quand même pas dire que cela correspond à une quelconque réalité... Alors pourquoi se braquer et se formaliser d'une vision de la femme qui ne prétend à aucun moment être un modèle? Un peu d'humour, s'il-vous-plaît, un peu de distance... Croire que cette pièce prétend montrer la réalité, c'est comme si on pensait que "Macbeth"raconte comment on accède au pouvoir, ou comme si "Le médecin malgré lui" représentait la pratique médicale courante à l'époque de Molière...
Laissons un peu de place à l'imaginaire et à la fantaisie, de grâce, acceptons de décoller un peu de la réalité... La plupart des personnes du public le comprennent très bien, pourquoi ces femmes réagissent-elles ainsi? Mystère...
A bientôt
Jacqueline

dimanche 18 mars 2007

Incroyable!!!

Jacqueline a tout exprimé mais je ne résiste pas à la joie de le redire: ce que nous vivons avec Marrakech est vraiment incroyable!! C'est un succès ! C'est un évenement! C'est du pur bonheur pour nous ,pour les spectateurs...on en revient pas! Il faut croire que ce sujet rejoint la préoccupation de beaucoup d'hommes et de femmes et le fait qu'on le traîte avec légereté et humour rassemble de façon encore plus chaleureuse. Nos débats des mardis et vendredis sont très instructifs aussi. C'est touchant d'entendre les témoignages des gens qui livrent ainsi une part d'eux-même. On a le sentiment de faire du théâtre "utile" et c'est très gratifiant! Je suis heureuse aussi de voir que notre acharnement et notre ténacité est récompensée de la sorte! Ce projet est né il y a presque 4 ans dans nos têtes, nous avons fait preuve de beaucoup de patience, d'obstination; nous avons eu des périodes de découragement et voir tout ces spectateurs heureux qui nous disent merci, c'est le plus beau cadeau qu'on pouvait espérer. On espère tourner avec le spectacle et le jouer partout et encore longtemps...si vous avez des idées ou des filons pour nous faire voyager...n'hésitez pas!!

samedi 17 mars 2007

Dépassées par le succès...

C'est dingue! On doit rajouter des sièges et refuser du monde... C'est drôle, parce qu'avec un texte de Paul Pourveur, qui est un auteur quand même assez "pointu" et pas (encore) vraiment grand public, on avait l'impression de prendre un risque, et on s'attendait à avoir un public plus "théâtreux". Et finalement, c'est vraiment les spectateurs "normaux" qui plébiscitent le spectacle. J'entends encore Hélène me dire "Pourvu qu'on ne joue pas devant trente personnes", et c'e'st bourré tous les soirs, depuis la première. Le bouche-à-oreille a fonctionné à la vitesse de l'éclair. Alors, bonne nouvelle, on ajoute une représentation pour les refoulés: le dimanche 25 mars, à 16 heures. Nous ne pouvons pas prolonger après le 1er avril, pour cause de vacances et d'occupation de la salle par une autre compagnie. Mais, si tout va bien, nous ferons une reprise, pas la saison prochaine (la salle est déjà occupée) mais au cours de la saison 2008-2009.
A vos agendas...
A bientôt
Jacqueline

mardi 13 mars 2007

retrouvez-nous en radio et en télé...

Bonjour,
troisième semaine de représentations. Les échos sont toujours très bons; apparemment, on parle beaucoup de "Marrakech"... Vous pourrez nous voir ou nous écouter:
- mercredi 14, au journal de 19 heures de la Une Radio
- jeudi 15: dans "50°nord" sur Arte (à 20H15)
- vendredi 16: dans "Culture Club" en radio sur la Une
sur Télé-Bruxelles, dans un prochain journal.
Nous attendons aussi la parution d'un article dans "Le Vif".
A bientôt
Jacqueline

samedi 10 mars 2007

Ca continue...

Bonjour,
ça continue à marcher très fort. Le spectacle a beaucoup de succès et, manifestement, le public est très touché et concerné.
Les débats sont vraiment intéressants, touchants et, aussi, réconfortants: tout ce qu'on entend des dames qui sont nos invitées (hier, c'étaient Anna Cazieux et Chantal Vermeulen), c'est que l'âge n'est vraiment pas un problème. Au contraire, on se libère, on profite encore mieux de chaque instant de la vie, le désir, même s'il est moins polarisé sur le sexe, s'explose en des tas de désirs variés... C'est vrai que le corps change mais, comme a dit l'une d'elles, "ça ressemble à une blague, tant on reste jeune dans sa tête"...
Bref, tout cela fait du bien, et nous avons l'impression que ce sujet est vraiment la chose dont il fallait parler...

Je vous livre ici la critique du spectacle parue dans "La libre" d'hier:


Entre ménopause et Marrakech
par Laurence Bertels

Epée de Damoclès au féminin, la ménopause reste taboue. Sauf quand deux actrices affrontent la perte du désir et l'avenir du fantasme. Sexuellement (in) correct.Le temps qui passe, le corps qui change, l'humeur qui noircit... Nulle femme ne semble y échapper, après cinquante ans.Où commence la féminité ? Avec le vernis à ongles, le rouge à lèvres, les premiers soutiens-gorge ou l'arrivée des règles ? Pas de réponse précise. Où s'arrête-t-elle ? À la ménopause, qui semble tomber comme un couperet, comme les seins pétris, le teint flétri, les bras flapis... À l'heure aussi où les rides creusent leur sillon, où les hanches s'arrondissent, où le coeur et le corps s'assèchent. Puis il y a ce regard des hommes qui se détourne des mères pour regarder leurs filles...Cinquante ans, voici donc l'âge où les parents vous quittent pour l'autre rive, où les enfants ne pensent qu'à partir, où les maris désertent le lit conjugal pour une plus jeune, une plus belle, une plus ferme. Que de réjouissances en perspective.La ménopause... On en parle, oui, côté santé, vapeurs, hormonothérapie ou ostéoporose. Il est en revanche rarement question de perte du désir ou d'estime de soi, du désert affectif ou sexuel qui se profile à l'horizon.À moins de renverser le cours des événements, d'affronter l'homme et sa sexualité, de laisser libre cours à ses fantasmes, de filer à Marrakech, ville du tourisme sexuel pour femmes en retour d'âge, comme le disent prudemment les grands-mères.On dit en effet que les femmes mûres s'y engouffrent pour acheter un sexe masculin bien vert. En fait, elles cherchent surtout à exercer leur désir de séduction, un désir qui ne part pas à la mi-temps de la vie. Comme on le découvrira à "Marrakech", une pièce pour les femmes et ceux qui les aiment, imaginée par deux comédiennes sensuelles malgré la cinquantaine.En plein corpsTouchées en plein corps par le sujet, Hélène Theunissen et Jacqueline Bollen, actrices et amies, ont confié leurs états d'âmes, angoisses et désirs les plus secrets à la plume de Paul Pourveur, auteur dont le théâtre exigeant les intrigue et les interpelle. Des rencontres, de longues conversations, des confidences ont suivi ce projet original, sincère, utile et confrontant. "Marrakech" invite à pleurer sur le temps perdu, à en rire aussi, pour ne point verser trop de larmes sur la féminité enfuie.ContrastéesJudicieusement contrastées, dans les voilages blancs d'une scénographie signée Sabine Theunissen et une mise en scène de Janine Godinas, Hélène Theunissen et Jacqueline Bollen affrontent leurs options pour franchir le cap. Naïve et désespérée, Hélène Theunissen, pleine de fraîcheur dans le jeu comme dans l'allant, campe une épouse, mère de famille, femme mais aussi féministe, particulièrement crédible. La vérité la prend de front, en pleine insomnie, à 2h02 du matin. Elle se lève, traverse la nuit, toise les regards, prend l'avion pour Marrakech et rencontre son contraire. Aussi brune et sexy que la première est blonde et godiche, maquillée à outrance, actrice à la retraite, top en cuir rouge et plumes à l'oreille, Jacqueline Bollen l'emmène sur la pente du sexe, du fantasme, du vibromasseur et des boules de Geisha. Et de lui proposer le kit complet de la femme ménopausée, vantant les vertus du sexe et de l'extase pour éviter de "plonger dans le gouffre noir de la résignation"; livrant aussi ses blessures mal dissimulées. Puisque le sexe, bien sûr, et les moments d'extase qu'il promet parfois, ne résolvent pas l'immense injustice dont les femmes, pourtant pleines de ressources, restent les premières victimes.Soutenu, rythmé et surtout nuancé, "Marrakech", quelques redites à part, nous balade allégrement dans l'esprit mouvementé et désespéré de femmes au tournant de leur vie. Malgré quelques rires francs, on ressort affolé par l'autre vérité qui dérange mais également bluffé par le courage et la générosité de deux comédiennes féminissimes. Qu'elles aient trente ou cinquante ans.Bruxelles, Théâtre de la place des Martyrs, jusqu'au 1er avril. Tél. 02.223.32.08.A l'issue de la représentation, les mardis et vendredis, des rencontres sont prévues avec des personnalités féminines telles que Laurette Onkelinx, Colette Nys Masure, Lise Thiry...© La Libre Belgique 2007- - - - - - - - - - -